"L'éducation ne consiste pas à gaver mais à donner faim."
Michel Tardy, sociologue

lundi 7 mars 2011

La construction du conte

Support : «  Les Fées » de Charles Perrault. Les contes de Ma Mère L'Oye.

Pour écouter le conte, clique sur l'image :


Explicitation du vocabulaire.
« humeur » (l.2) : le caractère.
« cadette » (l.6) : la seconde des filles
« aversion » (l.11) : haine
« demi-lieue » (l.16) : une lieue équivaut à 4 km
« oui-dà » (l.20) : oui, bien sûr
« obligeante » (l.65) : qui rend service
« tout à l'heure » (l.48-49) : tout de suite, à l'instant
« pistole » (l.95) : pièce d'or espagnole
« complaisance » (l.102) : amabilité, empressement à se plier aux désirs des autres.

Quelle ressemblance existe-t-il avec les contes déjà vus?
Comme dans les contes précédemment étudiés, nous retrouvons des personnages bienfaisants, des personnages malfaisants, le conte débute par « il était une fois... » et se termine bien pour le personnage « malheureux » du début. Il y a une sorte de répétition commune aux contes.

Les différentes étapes du conte.

En combien de parties différentes peux-tu découper le conte de Perrault?
Le conte peut-être découpé en 5 étapes différentes, chaque étape porte un nom et se retrouve dans tous les contes.

l.1 à 17- la situation initiale : c'est le début du récit, le moment où il ne se passe rien encore. Les personnages et le décor sont présentés au lecteur. Les indications de temps et de lieu sont vagues. Le temps des verbes est l'imparfait.
Dans Les Fées : une veuve + 2 filles. L'une ressemble à la mère (elle est désagréable et orgueilleuse), la seconde ressemble au père (elle est belle et honnête). La veuve voue une aversion (haine) pour cette dernière.
l.17 à 33 – L'élément modificateur ou perturbateur ou déclencheur : La rencontre et le don. Débute par « Un jour » indice de temps qui marque que l'histoire va changer, un élément vient perturber le calme de la situation initiale. L'action est enclenchée. Le temps des verbes est maintenant le passé simple.
Ici c'est la rencontre avec une fée.
l.33 à 76 – Les péripéties : ce sont les différents obstacles et évènements que le personnage va devoir surmonter.
Dans le conte : La jalousie et la fuite.
Débute par :« Lorsque cette belle fille arriva au logis... »
Elle devra surmonter la colère de sa mère pour son retard.
Répétition : la sœur se présente à la même fontaine mais son don est en fait un sortilège.
Elle est chassée de chez elle (l.74).
l.77 à 88 – L'élément de résolution : c'est l'élément qui met fin aux péripéties et qui permet de revenir à une situation stable: la dernière péripétie qui permet de résoudre le problème qui se pose au personnage.
Ici la rencontre avec le fils du roi. La jeune fille est sauvée et récompensée de son honnêteté et de sa gentillesse car elle trouve l'amour.
l.90 à la fin - La situation finale ou dénouement : elle représente un retour à un état stable transformé par rapport à la situation initiale.
Dans le conte : La méchanceté est punie : mort de la sœur. La fin est tragique.
La Morale : 1) l'argent ne peut pas tout et ne peut égaler les qualités humaines.
                      2) tôt ou tard l'honnêteté finit par être payante malgré ce que dit le célèbre proverbe.

Toutes ces étapes constituent LE SCHÉMA NARRATIF.
JE RETIENS : LE SCHÉMA NARRATIF
Un conte comporte en général 5 étapes :
1) Une situation initiale qui présente des circonstances de départ (temps, lieu, personnages.) Les verbes sont à l'imparfait car il n'y a pas d'action. Le cadre spacio-temporel est flou ( il était une fois, jadis, dans un pays lointain...) et on a peu d'information sur les personnages.2) Un élément perturbateur ( ou modificateur ou déclencheur) vient briser cette situation stable et déclenche l'action. Il se repère grâce à un indice temporel du type « un jour ». Les verbes sont alors au passé simple.
3) Les péripéties sont les aventures des personnages. Elles sont nombreuses, variées et répétées et font intervenir des éléments du merveilleux. Cette étape contient beaucoup de verbes d'actions et d'indicateurs de temps tels que «  voilà que », « puis », « enfin », « ensuite ».
4) L'élément de résolution marque la fin des aventures : le héros résout le problème.
5) La situation finale, appelée aussi dénouement, marque le retour à une situation stable et la fin est souvent heureuse.
LE SCHÉMA NARRATIF
La situation initiale
Déclenchement
(ou élément perturbateur)
Péripéties
(ou action)
Dénouement
(ou élément de résolution)
Situation finale
présente les personnages et leurs caractéristiques essentielles ainsi que les conditions dans lesquelles ils vivent.
Le lecteur découvre le cadre dans lequel l'action naîtra.
Le temps employé est souvent l'imparfait de l’indicatif.
Cette situation peut être négative ou positive :
- quand elle est négative, on la considère comme équilibrée car les personnages ne semblent pas prêts à réagir contre elle
- quand elle est positive, tout va bien et rien ne justifie qu'elle évolue

un événement ou un choix du personnage bouleverse la stabilité de la situation initiale. Cette perturbation est souvent signalée par un complément de temps. Le passé simple sert à relater cet événement qui déclenche l'action.
- quand la situation initiale est positive, c'est l'apparition d'un problème, d'une difficulté, d'un manque que les personnages vont chercher à résoudre
quand la situation initiale est négative, c'est ce qui pousse les personnages à décider d'agir contre le problème qui les opprime
c’est généralement la partie la plus longue du récit puisqu’elle correspond aux aventures du personnage principal ; elle relate les épreuves qu’il rencontre et qu’il doit surmonter.
un événement, un personnage ou une action mettent fin aux aventures du personnage principal. La résolution apporte une sanction au processus de transformation ;

Après parfois quelles transformations, elle marque le retour des personnages à la stabilité, que ce soit dans le bonheur (le plus généralement) ou dans le malheur. C’est la fin de l’histoire, le moment ou le nœud du récit s’est dénoué et où l’on retrouve une situation d’équilibre.


Exemple « La Belle au bois dormant » de Perrault
bonheur d'une princesse et de sa famille
jalousie d'une fée
maléfice sommeil de cent ans
arrivée du prince charmant
levée du sortilège etc.

Etude comparative de 2 contes

Support :  « La Belle endormie » de Léopold Dardy (manuel pages 40-41).
« La Belle au Bois dormant » de Jacob et Wilhelm Grimm (manuel pages 44-45).

 A quelle époque ont-ils été écrits par leurs auteurs? D'où proviennent leurs récits ?Le texte 1 a été publié en 1890 dans un recueil de contes et le texte 2 entre 1812 et 1815. Dardy et les frères Grimm ont collecté et transcrit des contes populaires qui se racontaient oralement souvent le soir à la veillée par des conteurs ou des conteuses depuis plusieurs siècles.

Remplir un tableau mettant en évidence les points communs et les différences concernant le cadre (les lieux de l'histoire, les éléments qui situent le conte dans le temps), les personnages et les actions.


POINTS COMMUNS
DIFFÉRENCES
CADRE (décor,...)
Château
Haie de ronces entourant le château
Cours
Texte 1 : 120 à 140 ans de sommeil.
Texte 2 : 100 ans de sommeil.
PERSONNAGES
2 princesses extrêmement belles: héroïnes
Texte 1 : fée- marraine du Prince: malfaisante
Texte 2 : 13 sages-femmes. (12 fées bienfaisantes et protectrices et 1 malfaisante)
Texte 1 : un seigneur délivre la princesse.
Texte 2 : un prince délivre la princesse.
ACTIONS
Les princesses sont victimes d'un sort.
La princesse se réveille grâce à la présence d'un prince.
Texte 1 : La marraine du prince jette un sort pour venger son filleul.
Texte 2 : La 13ème sage-femme jette le sort pour se venger de ne pas avoir été invité, la 12ème l'adoucit.
Texte 2 : plusieurs princes vont tenter de pénétrer dans le château.
Par quelle formule les contes débutent-ils? Par quelle formule se terminent-ils?
Dans le texte 1 la formule initiale est : « Il était une fois », dans le second la formule initiale est :  « Il y avait autrefois ». Le texte 1 se termine par « Le seigneur l'épousa et la belle endormie avec lui n'eut plus de malheur. »  et le texte 2 par : « ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leur jours. »

Les formules initiales et finales de ces contes sont caractéristiques du genre du conte: de nombreux contes de fées commencent de cette façon et se terminent avec des formules semblables.